Autre jugement percutant
La bonne foi de la CSST contestée
Alain Bouchard
ABouchard@lesoleil.com
QUÉBEC-Sur la base d'un jugement de la Commission des lésions professionnelles (CLP) prononcé en sa faveur, Alain Marcoux, de Robertsonville, réclame 100 000 $ à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et à sa fonctionnaire Louisette Dombrowski pour faute intentionnelle ayant entraîné la dépression nerveuse. |
C'est un fait très rare dans les annales ouvrières que la CSST et son personnel sont poursuivis en justice pour dommages psychologiques. La règle de l'immunité prévaut généralement en pareil cas, sous prétexte de la bonne foi des fonctionnaires publics. Mais Me Marlène Jacob, procureure de M. Marcoux, plaide justement la mauvaise foi dans cette affaire. Déposée en octobre 1999 devant la Cour supérieure, la poursuite de ce dernier est toujours pendante. Des changements de procureurs de part et d'autre ont notamment contribué à étirer la cause. Mais l'interrogatoire au préalable du demandeur est maintenant chose faite. Et Me Jacob estime que les procédures devraient désormais s'accélérer. La décision de la CLP rendue contre la CSST en faveur d'Alain Marcoux provient du commissaire Michel Renaud, le même homme qui qualifiait la CSST de « quasi criminelle » dans un jugement dont LE SOLEIL faisait état la semaine dernière. Me Renaud donnait alors raison à Mario Martineau, de Saint-Ferdinand - qui fut malencontreusement rebaptisé Yvon dans nos pages. Greffe osseuse Alain Marcoux avait 24 ans seulement, en 1987, lorsque survint son accident de travail chez TM Composite Inc., de Thetford Mines, où il était lamineur depuis 1983. Une sévère entorse lombaire le forçait à subir une hasardeuse greffe osseuse qui eut effectivement des lendemains malheureux. Après avoir d'abord convenu de son invalidité et lui avoir versé une indemnité annuelle de 17 500 $, la CSST décrétait en 1994 que M. Marcoux pouvait désormais occuper un emploi de mécanicien réparateur de machinerie légère. Elle réduisait alors son indemnité d'accidenté du travail à 16 059 $ par année. Le travailleur conteste. Et le Bureau de révision administrative (BRA) lui donne raison. Mais en 1997, après un plan de réorientation professionnelle qui renvoie notamment M. Marcoux sur les bancs de l'école, la CSST avise ce dernier qu'il peut désormais devenir commis vendeur avec le revenu annuel estimé de 15 371 $. Pressions indues Il sera alors huit mois à ne toucher que 64 $ par semaine. C'est-à-dire jusqu'à ce que Me Renaud renverse les décisions des deux instances précédentes, et que la CSST soit forcée de compenser entièrement les pertes de cette période. « Tergiversation, abus de pouvoir et évaluations médicales tendancieuses et qui ne tiennent pas compte de tous les paramètres du problème, écrit le commissaire de la CLP. Des pressions indues et stressantes sont exercées sur un individu dont les capacités physiques sont fortement diminuées. » Me Renaud conclut son jugement en disant que « la CSST, comme tout citoyen responsable et encore plus à titre de gestionnaire de la chose publique, est directement responsable de conséquences de ces décisions qui ont un effet dévastateur sur la santé mentale du travailleur. » C'est sur la base de ce jugement que M. Marcoux poursuit la CSST en justice. Ses procureurs, Proulx, Ménard, Milliard, de Québec, accusent nommément Louisette Dombrowski de faute intentionnelle, pour le harcèlement exercé contre le travailleur. La CSST est accusée d'avoir traité ce dernier en ennemi à vaincre, plutôt qu'en victime à aider. Le demandeur réclame 100 000 $ pour atteinte d'ordre psychologique et à titre de dommages moraux et exemplaires. Me Marlène Jacob ne connaît pas d'autre dossier de la CSST où il y eut poursuite en dommages et intérêts. Mais elle dit connaître d'autres cas où des organismes publics et leurs fonctionnaires publics ont été reconnus coupables de faute professionnelle et condamnés à verser de l'argent à la victim |
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À Ste-Adèle, samedi le 5 mai 2001
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